Fatima El-Mousawi M. Sc., Ph.D.

Ce n’est pas à un ministre de dicter aux Québécois comment ils devraient vivre au Québec. Ce n’est pas à un parti politique, ni à un gouvernement passager, de définir ce que signifie « vivre chez nous », au Québec.

Mais alors, est-ce vraiment « comme ça qu’on vit au Québec »?

Est-ce « comme ça qu’on vit au Québec » lorsque des patients passent des heures, parfois des nuits entières, sur des civières dans des urgences débordées?
Lorsque des milliers de personnes n’ont toujours pas accès à un médecin de famille ou à des services de santé mentale?
Lorsque des enseignants doivent gérer des classes surchargées?
Lorsque des familles doivent choisir entre payer leur loyer ou remplir leur panier d’épicerie?
Non. Ce n’est pas comme ça que les Québécois méritent de vivre.
Véritables problèmes
Quelle raison empêche ce gouvernement de s’attaquer aux véritables problèmes qui minent la qualité de vie de la population? Jusqu’à quand détournera-t-on l’attention du public en agitant des enjeux qui ne changent rien – ou presque rien – au quotidien des gens? Pourquoi investir autant de temps, d’efforts et d’argent public pour prétendre régler des problèmes qui, en réalité, n’existent même pas?
Depuis trop longtemps, des gouvernements successifs – hier le PQ, aujourd’hui la CAQ – misent sur des stratégies de division pour rallier une partie de l’électorat. Pourquoi pense-t-on que les Québécois sont assez naïfs pour détourner leur regard des urgences réelles à force de débats symboliques et de faux problèmes?
Il est temps que les citoyens du Québec démontrent qu’ils ne se laissent pas piéger par ces stratégies. Il est temps qu’ils exigent que ceux qui gouvernent se consacrent aux missions essentielles de l’État: soigner, éduquer, protéger, soutenir...vivre en dignité. Il est temps de réclamer des solutions concrètes là où elles sont nécessaires, là où la vie des gens est véritablement affectée.
Charte des droits et libertés
On ne règle pas la crise du logement en désignant des boucs émissaires.
On ne vide pas les urgences en excluant des minorités.
On n’améliore pas le quotidien en imposant une vision identitaire manipulée au gré des intérêts politiques.
La Charte des droits et libertés de la personne du Québec est pourtant claire: elle établit déjà le cadre de « comment on vit au Québec ». Et ce cadre repose sur les libertés individuelles, la dignité, l’égalité et le respect de chacun.
Si nous voulons vraiment d’un Québec libre dans ses droits et dans ses choix, il faut commencer par laisser les gens y vivre librement. Ce n’est ni à un ministre ni à un parti politique de décider comment les Québécois doivent exister, s’habiller, croire ou penser.
Un gouvernement au service de la population ne divise pas: il rassemble.
Il n’impose pas : il protège.
Et surtout, il ne détourne pas le regard des crises réelles que vivent les Québécois. Il les règle.
C’est comme ça qu’on mérite de vivre au Québec.

Fatima El-Mousawi M. Sc., Ph.D.
Professionnelle de recherche au département des sciences infirmières à l’Université du Québec en Outaouais

Publié Lundi 1er décembre dans la Journal De Montréal